EXPOSITION
DU SAMEDI 6 JUILLET AU DIMANCHE 1ER SEPTEMBRE
TOUS LES JOURS DE 10H A 19H / ENTRÉE LIBRE
Réversion, Cécile Beau et Emma Loriaut, Aquarium, pierre, électrolyse, socle, 30x30x150 cm, 2018 © Anouck Durant-Gasselin
Pour la 8ème année consécutive, le Passage Sainte-Croix ouvre ses portes au Voyage à Nantes. Après Alain Séchas, Laurent Pernot ou encore Philippe Ramette, Cécile Beau habite les espaces du Passage Sainte-Croix, du jardin aux salles d’exposition en passant par le patio, pour offrir au visiteur une traversée aux allures animistes.
Au travers de sculptures et d’installations sonores, Cécile Beau construit une œuvre minimale et sensorielle. Reconstituant ou agençant des fragments de nature, déplaçant des objets ou des savoirs, elle nous propose des œuvres aux frontières de l’invisible et du réel. Non spectaculaires, celles-ci renvoient à des phénomènes naturels dont la temporalité dépasse la perception humaine. Pour Réversion, l’artiste a choisi comme matière première des minéraux et végétaux familiers afin de suggérer un pas de côté à nos perceptions habituelles. Pierres, arbres, grotte, puits proposent un temps d’écoute et de contemplation.
Dans l’ancien cloître, un jardin originel est évoqué par la réunion d’essences d’arbres issues d’un index biblique (amandier, olivier, pommier…). Au centre de cet ensemble végétal, un vrombissement émane d’un rocher, entre respiration ronronnante et grondement tellurique. Plus loin, un arbre nu et son possible système racinaire affleure le sol, alors que l’écho d’une goutte invisible s’élève du puits.
L’exploration se prolonge devant une cavité d’où bruissent les fluctuations d’un souffle d’air, révélant la topographie sonore d’une grotte. En face, trois aquariums inversent le processus classique de transformation d’un minerai natif en matière industrielle. Ici, plomb, cuivre et argent poussent par un procédé alchimique méconnu nommé réversion.
Comme une résonance à l’imaginaire religieux et médiéval, cette exposition dévoile ainsi de possibles mutations de la matière en spécimens autonomes.
Cécile Beau est née en 1978. Elle vit et travaille à Paris.
La Nuit du Van : Samedi 6 juillet à partir de 18h.
Le Passage Sainte-Croix sera exceptionnellement ouvert jusqu’à 22h.
En savoir plus : www.cecilebeau.com et www.levoyageanantes.fr
OOLITH OU LA PIERRE QUI RONRONNE 
Cécile Beau parle de son œuvre Oolith présentée dans le jardin Sainte-Croix (calcaire oolithe, dispositif sonore, 2019).
« Cette œuvre est en calcaire oolithique. J’ai choisi ce minéral car elle est très utilisée en architecture. Elle fait d’ailleurs écho aux pierres de taille du Passage Sainte-Croix et de l’église voisine. Le corps de la pierre est creusé pour abriter un dispositif sonore diffusant une double sonorité : celle d’un séisme, provenant des tréfonds, l’autre des ronronnements d’une panthère. Cela créé une respiration tellurique, un grondement, comme si nous avions accès aux profondeurs de la terre. A l’image d’un stéthoscope, les vibrations qui accompagnent ce ronronnement renforcent cette impression d’activité tellurique interne.
Oolith a été créé pour cette exposition et à l’échelle du Passage Sainte-Croix mais j’avais déjà réalisé l’année dernière une version beaucoup plus petite en roche volcanique. Les visiteurs s’asseyaient autour de la pierre, la caressaient. Une fois, un enfant a interpellé ses parents : « venez voir, il y a un chaillou ! » Effectivement, dans cette œuvre, l’animal et le minéral fusionnent comme s’il n’y avait pas de règne. Cette respiration tellurique fait de basses fréquences dégage quelque chose d’apaisant.
Oolith est présentée dans le jardin Sainte-Croix, un ancien cloître qui se situe à proximité de l’église. Cela évoque le passé religieux. J’ai ainsi voulu offrir à l’œuvre un écrin de verdure composé d’arbres présents dans la bible. Autour d’elle, on trouve donc un amandier, un grenadier, un figuier, un pommier, un olivier, un laurier et un cognassier. Je cherche ainsi à reconstituer une sorte de jardin des origines, un petit Éden. »
